Le Bon Geste

Qu’est-ce qu’un geste ? Et à plus forte raison : qu’est-ce qu’un geste professionnel ? Qu’engage-t-il ? Et en quoi l’image photographique parvient-elle à rendre compte de sa complexité ? Et en quoi permet-elle de se forger une représentation de son devenir professionnel ?

Ce sont toutes ces questions que sont amenés à se poser les élèves de première ébénisterie du Lycée Jacque Brel de Choisy-le-Roi dans ce projet de création artistique proposé par Gilberto Güiza-Rojas, artiste photographe et Claire Boucharlat, historienne de l’art.

Cette collaboration ambitionne de faire se rencontrer les travaux de différents élèves issus de sections d’apprentissages diverses. Nous souhaitons que ces jeunes impliqués dans des parcours professionnels s’emparent du médium photographique afin de questionner — par la fabrication d’images — la portée de leur choix et la représentation qu’ils se font d’un métier auquel ils se destinent très tôt.

Au cours des ateliers, Gilberto Güiza-Rojas a pu transmettre ses connaissances afin que les élèves soient en mesures de s’approprier les principes fondamentaux de la prise de vue photographique. Son travail artistique a par ailleurs été à l’origine de la mise en place du projet. Il mène depuis une dizaine d’années un travail sur la représentation du monde du travail et notamment auprès de travailleurs.euses en situation précaire et d’invisibilité. Sa démarche photographique vient alors redonner une dimension corporelle, incarnée à ces personnes qui œuvrent habituellement en dehors de nos viseurs.

Souvent, interroger le geste c’est projeter une idée et se projeter dans l’avenir en même temps. En effet, le geste est un mouvement exécuté avec une intention. Avec l’idée d’un résultat. Il y a donc une forme d’intelligence du geste puisque ce dernier est étroitement lié à l’idée, la préfiguration du résultat.

Il a été demandé aux élèves de se mettre en scène en train d’effectuer les gestes de l’ébéniste. Ces gestes qu’ils apprennent et répètent quotidiennement au point qu’ils finissent par être incorporés. Alors qu’en est-il lorsque nous décidons de décontextualiser ces gestes ? De les extraire de leur fonction première ? Que révèle cette chorégraphie inédite? Comment ces jeunes portent-ils physiquement, en eux, les enjeux des choix qui les engagent ?

Claire Boucharlat